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Les poux de tête : un bilan des thérapies topiques et de la montée de la résistance aux pédiculicides

Jason Sneath, MD1 and John W. Toole, MD, FRCPC2

1. Département de dermatologie et de science cutanée, Université de Colombie-Britannique, Vancouver, Colombie-Britannique, Canada
2. Section de dermatologie, Université du Manitoba, Winnipeg, Manitoba, Canada

Introduction

Les infestations par les poux de tête (Pediculosis humanis capitis) surviennent partout dans le monde et on estime que leur prévalence varie entre 1 à 3 % des enfants fréquentant l'école primaire1,2. Bien que ce parasite obligatoire soit une nuisance, une infestation ne pose pas de risques pour la santé. Les infestations ont tendance à se produire plus fréquemment chez les filles3 et moins fréquemment chez les enfants noirs4, les poux semblant avoir plus de difficultés à saisir la tige de leurs cheveux en forme ovale. Elles ne sont pas en rapport avec une piètre hygiène personnelle. Elles surviennent dans tous les statuts socioéconomiques mais elles éclatent plus fréquemment dans des situations avec des effectifs surchargés. Une récente évidence suggère que la fréquence croissante de l'échec des traitements topiques pourrait être reliée à une résistance grandissante aux pédiculicides neurotoxiques qui ont été le traitement de première intention au cours des quarante dernières années5. Nous ferons ici le bilan des options courantes des traitements topiques (Tableau 1) et nous inclurons les plus récentes options non pédiculicides.

Survol des faits sur les poux

  • Pediculus humanis capitis (le pou de tête) est un insecte non ailé qui suce le sang de son hôte.
  • Un pou ne peut pas sauter mais il a 6 pattes adaptées pour ramper le long des cheveux à 23 cm à la minute6.
  • Un pou se nourrit toutes les 3 à 6 heures.
  • Avant de se nourrir, le pou injecte de la salive dans la peau.
  • La durée de sa vie est d'environ 4 semaines et la femelle pond 6 à 8 oeufs par jour.
  • Les oeufs éclosent en 8 jours, laissant leur coquille (la lente) cimentée à la base du cheveu.
  • Les poux de tête se propagent par contact de tête à tête, les tissus partagés, les peignes partagés et autres objets susceptibles d'héberger les poux qui sont couramment au contact du cuir chevelu et des cheveux7.
  • Un pou peut survivre deux à trois jours en dehors d'un hôte humain.
  • Les animaux familiers ne sont pas des vecteurs.

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Diagnostic et symptômes

De nombreux individus affectés ne rapportent aucun symptôme mais le symptôme le plus fréquemment rapporté est le prurit du cuir chevelu8. On croit que le prurit est causé par une hypersensibilité à la salive du pou qui est injectée dans la peau au moment du repas, mais souvent les démangeaisons ne surviennent que une à quatre semaines après l'infestation. N'importe quelle partie du cuir chevelu peut être colonisée, mais il semble qu'il y ait une préférence marquée pour la nuque et les régions en arrière des oreilles.

Signes cutanés :

  • Souvent on ne trouve rien de significatif sur la peau.
  • n peut trouver à la nuque des lésions prurigineuses et papuleuses.
  • Il peut y avoir des excoriations sur le cuir chevelu.
  • Une infection staphylocoque secondaire est possible.
  • Une inflammation des ganglions du cou et de la nuque est possible.

Signes capillaires :

  • Une infestation active est confirmée par la présence de poux adultes vivants ou de nymphes (poux pondus immatures) en place sur le cuir chevelu avec des lentes.
  • La présence de lentes seules ne confirme pas une infestation active, une coquille vide pouvant rester cimentée à un cheveu même après l'élimination de l'infestation.
  • La distance qui sépare la lente du cuir chevelu peut fournir un indice sur la durée de l'infestation, celle-ci s'éloignant loin du cuir chevelu au fur et à mesure que le cheveu pousse.
  • Une lente à 0,6 mm du cuir chevelu est généralement un oeuf viable.
  • Pour bien faire la différence entre des oeufs et des pellicules, essayer de les déloger de la tige du cheveu. Les pellicules s'enlèvent facilement alors que les lentes non.

La meilleure méthode de poser un diagnostic est le démêlage des cheveux mouillés ou secs avec un peigne à lente à dents serrées espacées de 0,2 mm. Une étude comparant le démêlage des cheveux mouillés avec l'inspection visuelle a révélé que le démêlage des cheveux mouillés pouvait diagnostiquer avec justesse une infestation 90,5 % des fois, contre 28,6 % des fois avec l'inspection visuelle2.

Instructions pour la détection par le démêlage des cheveux mouillés9 :

  • Appliquer une quantité généreuse de revitalisant.
  • Démêler avec un peigne normal.
  • Poser le peigne à lentes sur le cuir chevelu et tirer jusqu'aux pointes.
  • Vérifier si le peigne a des poux après chaque traction. Essuyer chaque fois le peigne avec un mouchoir en papier et chercher les poux.
  • Jeter le mouchoir en papier dans un sac en plastique.
  • Passer le peigne dans la totalité du cuir chevelu au moins 5 fois.
  • Sceller le sac de plastique et le jeter.
  • S'il y a détection de poux vivants, rincer toutes les traces du revitalisant avant d'appliquer le traitement.

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Treatment Options

Méthode Traitement Application Commentaires
Pédiculicides topiques non insecticides Rince d’isopropylmyristate à 50 % + rince de ST-cyclométhicone à 50 %
  • 30 à 120 ml de la lotion est appliquée sur les cheveux secs et le cuir chevelu (particulièrement sur la nuque); laisser agir pendant 10 minutes
  • Coiffer les cheveux avec un peigne à lentes et laver avec un shampoing
  • Agit par la dissolution de la couche externe de l’exosquelette du pou, ce qui le déshydrate et le tue
  • Moindre risque de résistance car mécanisme mécanique
  • Deux applications espacées de 7 à 10 jours habituellement nécessaires
  • Approuvé pour un emploi chez les patients de deux ans et plus
  • Peut causer un érythème, une sensation de brûlure et la sécheresse du cuir chevelu10
Produit à base de plantes (HairClean 1-2-3)
  • Appliquer le produit sur le cuir chevelu et les cheveux; laisser en place pendant 15 minutes avant de rincer
  • Appliquer 3 fois avec 5 jours d’intervalle entre les applications
  • Un produit à base de plantes contenant de l’anis, de la noix de coco, de l’huile de ylang-ylang et de l’alcool isopropylique
  • Mécanisme d’action suggéré : provoquer une «réaction de fuite» en créant pour le pou un environnement indésirable
  • Une étude israélite parrainée par un fabriquant a trouvé une efficacité comparable (92 %) à un pédiculicide contenant de la perméthrine, du malathion et du butoxyde de piperonyle11
  • Données d’efficacité et de toxicité non disponibles
Pédiculicides topiques Crème de perméthrine (à 1 % ou 5 %)
  • Laver les cheveux avec un shampoing sans revitalisant et assécher avec une serviette
  • Appliquer le produit sur le cuir chevelu et les cheveux pendant 10 minutes avant de rincer (25 ml)
  • Coiffer les cheveux avec un peigne à lentes
  • Répéter 7 jours plus tard
  • Pyréthroïde synthétique, neurotoxique pour les poux, mais faible neurotoxicité chez les humains; éviter son emploi pour les patients qui ont une allergie déclarée aux chrysanthèmes
  • La préparation à 1 % disponible en vente libre
  • Ne tue pas les oeufs, il faut donc recommencer le traitement 7 à 10 jours plus tard
  • Approuvé pour les patients de deux ans et plus
  • Peut causer des démangeaisons ou une sensation de brûlure sur le cuir chevelu
Pyrithrine 0,33 % + butoxyde de piperonyle 4 %
  • Appliquer le produit sur les cheveux secs puis ajouter de l’eau et faire mousser
  • Rincer; ne pas utiliser de revitalisant
  • Répéter 7 jours plus tard
  • Fabriqué à partir d’un extrait de chrysanthème, neurotoxique pour les poux mais faible neurotoxicité pour les humains
  • Éviter en cas d’allergie confirmée aux chrysanthèmes ou à l’herbe à poux (ambrosia)
  • Approuvé pour utilisation chez les patients de 2 ans et plus
  • Peut causer des démangeaisons ou une sensation de brûlure sur le cuir chevelu
Lindane (benzène hexachlorure 1 %)
  • Appliquer le produit sur les cheveux secs libres de revitalisant, gel ou fixatif
  • Bien faire pénétrer dans les cheveux et le cuir chevelu jusqu’à ce qu’ils soient mouillés et laisser en place pendant 4 minutes
  • Rincer en veillant soigneusement à ne pas étendre le produit à d’autres zones du corps
  • Organophosphate neurotoxique pour les poux et les humains
  • Traitement de deuxième intention à cause du risque de toxicité qui peut entraîner des convulsions12
  • Peut aussi entraîner une inhibition médullaire si absorbé par voie générale
  • Déconseillé pour les patients de moins de deux ans, pendant la grossesse, l’allaitement et chez les patients avec une histoire de convulsions
Tableau 1 : Options de traitements topiques pour les poux de tête9-13


Gestion

Traditionnellement, les pédiculicides topiques ont été la pierre angulaire du traitement initial de la pédiculose. Ils sont largement disponibles sans prescription et cela a contribué à rendre difficile l'accumulation des données sur la véritable prévalence de cette infestation. On peut probablement mettre au compte de cet accès facile et d'un usage inadapté, l'importante résistance aux pédiculicides topiques qui s'est déclarée. La résistance à l'effet choc (kdr) est une insensibilité à transmission héréditaire au dichlorodiphényltrichloroéthane (DDT), aux pyréthrines et aux pyréthroïdes. Une récente étude qui a examiné des poux recueillis au Québec, en Ontario et en Colombie-Britannique, a trouvé l'allèle de la résistance chez 97,1 % des 274 poux de l'échantillonnage5. Ces résultats suggèrent qu'une importante résistance aux options de traitements de première intention existe maintenant au Canada.

Cette résistance grandissante étant reconnue, on cherche avec un intérêt croissant au Canada, à examiner des options efficaces non pédiculicides. Une récente étude a démontré que l'efficacité de l'isopropylmyristate 50 % était considérablement plus élevée (57 %) que celle du traitement habituel avec pyréthrine à 0,33 % + butoxyde de piperonyle à 4 %10.

Un traitement non pédiculicide peut être efficace contre les infestations résistantes au traitement, mais le problème d'une nouvelle infestation transmise par des proches ou des objets susceptibles d'héberger des poux demeure un problème courant. Il est donc important, tout en suivant le traitement, de décontaminer l'environnement.

Décontamination environnementale14

  • Les membres de la famille et les amis proches devraient être examinés et traités s'il y a infestation.
  • Tous les vêtements, la literie, les peignes, les jouets et les objets en tissu utilisés par les individus dans les trois jours précédant le traitement devraient être décontaminés.
  • Les tissus peuvent être lavés à l'eau très chaude et mis à la sécheuse pendant 20 minutes.
  • Les objets qui ne peuvent pas être lavés peuvent être entreposés dans un sac de plastique bien fermé pendant deux semaines ou dans un congélateur pour 24 heures.
  • Les brosses à cheveux peuvent être trempées dans de l'alcool à friction pendant une heure.
  • Les planchers et les meubles peuvent être nettoyés en y passant l'aspirateur.
  • Il n'est pas recommandé de vaporiser dans la maison un pédiculicide.
  • Les règlements scolaires exigeant zéro lente ne sont pas nécessaires.

Arbre de gestion


Suspected Lice Infestation
Confirm Lice Infestation
chevelu(Prurit du cuir chevelu, papules à la nuque ou contact étroit reconnu avec un autre individu infesté)

soupçonnéeExaminer le cuir chevelu à l’aide d’un peigne à lentes
à dents serrées (0,2 mm d’espacement)

Mouiller les cheveux avec un lubrifiant tel un revitalisant (optionnel) et peigner de l’avant vers l’arrière avec le peigne posé sur le cuir chevelu

Par un démêlage des cheveux secs ou mouillés (présence de poux adultes vivants ou de nymphes)

Choix du traitement
(Selon les préférences du patient, l’âge, et la résistancelocale aux pédiculicides topiques)

Prendre des mesures pour diminuer le risque d’une nouvelle infestation et de propagation
(Traiter chaque membre infesté de la famille, avertirl’école et décontaminer l’environnement)



Remèdes homéopathiques

L’efficacité clinique des remèdes homéopathiques (vaseline, beurre d’arachide, mayonnaise, huile d’arbre à thé et vinaigre) n’est toujours pas établie.

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Élimination manuelle

Certains patients préfèreront essayer des traitements mécaniques avant de faire une thérapie topique. Le passage du peigne dans les cheveux mouillés peut servir, comme décrit plus haut, à la fois de diagnostic et de thérapie. Pour essayer cette méthode, le patient devrait passer le peigne dans la totalité du cuir chevelu mouillé jusqu'à ce que plus aucun pou ne soit trouvé, soit tous les 3 à 4 jours pendant trois semaines, ou au moins pendant deux semaines après que le dernier pou adulte vivant ait été trouvé14.

Échec du traitement

L'échec du traitement est couramment le résultat d'un traitement inadéquat (quantité utilisée insuffisante) ou inadapté (répétition du traitement avant 7 jours), de la résistance, ou d'une réinfestation. S'il y a eu décontamination environnementale et que le traitement a été correctement administré, il faut alors immédiatement traiter à nouveau avec un autre agent.

Les patients devraient être avisés que des démangeaisons du cuir chevelu peuvent survenir à la suite de l'application d'insecticides, mais elles n'indiquent pas nécessairement la résistance au traitement ou une réinfestation.

Conclusion

L'infestation par les poux de tête est un problème courant chez les enfants au Canada. Le traitement de première intention avec des pédiculicides topiques n'est malheureusement plus aussi efficace qu'il l'a déjà été à la suite d'une résistance à transmission héréditaire dont la prévalence semble augmenter. Les pédiculicides non insecticides topiques peuvent être une option efficace en cas d'échec du traitement suite à la résistance des poux aux traitements habituels.

References

  1. Harris J. et coll., Commun Dis Public Health 6 (3) : 246-249 (septembre 2003).
  2. Jahnke C. et coll., Arch Dermatol 145 (3)309-313 (mars 2009).
  3. Counahan M. et coll., J Paediater Child Health 40 (11)616-619 (novembre 2004).
  4. Centers fos Disease Control and Prevention. Fiche d'informations: head lice. Disponible à : http://www.cdc.gov/lice/head/factsheet.html. Accédé le 28 juin 2010.
  5. Marcoux D. et coll., J Cutan Med Surg 14 (3)115-118 (mai-juin 2010).
  6. Ko C. J. et coll., J Am Acad Dermatol 50 (1)1-12 (janvier 2004).
  7. Burkhart C. N. et coll., J Am Acad Dermatol 56 (6) : 1044-1047 (juin 2007).
  8. Mumcuoglu K. Y. et coll., J Med Entomol 41 (4)803-806 (juillet 2004).
  9. District Health Authority Public Health Services of Nova Scotia. Guidelines for treatment of pediculosis capitis (head lice), August 2008. Disponible à: http:// www.gov.ns.ca/hpp/publications/Head Lice Guidelines for Treatment.pdf. Accédé le 3 juillet 2010.
  10. Kaul N. et coll., J Cutan Med Surg 11 (5)161-167 (septembre-octobre 2007).
  11. Mumcuoglu K. Y. et coll., Isr Med Assoc J 4 (10)790-793 (octobre 2002).
  12. US Food and Drug Administration public advisory on lindane. Disponible à: http://www.fda.gov/Drugs/DrugSafety PostmarketdrugSafetyInformationforPatientsandProviders/ucm110845.htm. Accédé le 4 juillet 2010.
  13. Recommandations du Comité consultatif national des maladies infectieuses et de l'immunisation. Société canadienne de pédiatrie, Paediatr Child Health 13 (8) : 692-704 (octobre 2008).
  14. Goldstein A. O. et coll., (janvier 2010). Disponible à : http://www.uptodate.com/home/index.html. Accédé le 3 juillet 2010.

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